Ceux qu’on aime – Victoria Hislop

 

Quatrième de couverture

 
Athènes, milieu des années 1940. Récemment libérée de l’occupation allemande, la Grèce fait face à de violentes tensions internes. Confrontée aux injustices qui touchent ses proches, la jeune Themis décide de s’engager auprès des communistes et se révèle prête à tout, même à donner sa vie, au nom de la liberté. Arrêtée et envoyée sur l’île de Makronissos, véritable prison à ciel ouvert, Themis rencontre une autre femme, militante tout comme elle, avec qui elle noue une étroite amitié. Lorsque cette dernière est condamnée à mort, Themis prend une décision qui la hantera pendant des années.

Mon avis

 
J’aime beaucoup Victoria Hislop, je trouve toujours ces romans dépaysants, instructifs et toujours très agréables à lire pour découvrir l’histoire de la Grèce. Malheureusement, celui-ci m’a moins plu que les autres.

D’abord, parce que j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de longueurs. D’ailleurs la quatrième de couverture raconte des évènements qui se passent dans la deuxième moitié du roman, comme si toute la première partie n’était qu’une introduction. Du coup, j’attendais l’engagement de Themis qui ne venait pas et c’est surement aussi pour ça que j’ai trouvé le temps long,

Ensuite, si j’ai moins aimé ce livre, c’est parce que le récit est extrêmement sombre. Victoria Hislop ne nous épargne aucun détail sur les atrocités commises par les nazis, puis par les communistes et par le gouvernement grec et j’avoue, tout ça est à la longue difficile à supporter même si c’est probablement malheureusement authentique. De plus, je ne suis pas fan de politique et ici, il n’est quasiment question que de cela.

Le personnage de Themis est intéressant même si j’avoue avoir eu bien du mal à la comprendre parfois. Mais, je ne peux qu’admirer son courage et sa fidélité à ses convictions. tout en préférant nettement la Themis qui se consacre à sa vie de famille.

Bref, vous l’aurez compris, ce n’est pas mon roman préféré de Victoria Hislop mais ça ne m’empêchera pas d’en lire d’autres en espérant y retrouver ce qui m’avait tant plus dans l’île des oubliés. Si de votre côté, vous vous intéressez à l’histoire de Grèce et que vous n’êtes pas rebuté par la politique, n’hésitez pas à lire celui-ci, vous y apprendrez surement un tas de choses.

3.5/5

La goûteuse d’Hitler – Rosella Postorino

 

Quatrième de couverture

 
1943. Reclus dans son quartier général en Prusse orientale, terrorisé à l’idée que l’on attente à sa vie, Hitler a fait recruter des goûteuses. Parmi elles, Rosa. Quand les S.S. lui ordonnent de porter une cuillerée à sa bouche, Rosa s’exécute, la peur au ventre : chaque bouchée est peut-être la dernière. Mais elle doit affronter une autre guerre entre les murs de ce réfectoire : considérée comme « l’étrangère », Rosa, qui vient de Berlin, est en butte à l’hostilité de ses compagnes, dont Elfriede, personnalité aussi charismatique qu’autoritaire. Pourtant, la réalité est la même pour toutes : consentir à leur rôle, c’est à la fois vouloir survivre et accepter l’idée de mourir. Couronné en Italie par le prestigieux prix Campiello, ce roman saisissant est inspiré de l’histoire vraie de Margot Wölk. Rosella Postorino signe un texte envoûtant qui, en explorant l’ambiguïté des relations, interroge ce que signifie être et rester humain.

Mon avis

 
Un roman historique au sujet intéressant mais qui au final m’a déçue.

Pourtant, le début était prometteur. J’ai beaucoup aimé la première partie avec la découverte des goûteuses d’Hitler, ces femmes embauchées de force pour manger les plats destinés au führer et s’assurer ainsi , au péril de leur vie, qu’ils ne sont pas empoisonnés. Parmi elle, il y a Rosa, berlinoise exilée à la campagne chez ses beaux-parents pendant que son mari est au front. Au début, je l’ai trouvé attachante et j’ai aimé découvrir sa réaction et ses sentiments lorsqu’elle débarque dans la caserne avec ses compagnes d’infortune. Comme les autres, elle se retrouve prise au piège, payée pour manger des plats délicieux alors que le pays subit les restrictions de la guerre mais avec une épée de Damoclès au dessus de la tête à chaque instant.

Dès la seconde partie, par contre, mon intérêt a commencé à baisser et le sommet a été atteint après la soirée au château et le début de la liaison entre Rosa et le lieutenant. A partir de là, j’ai trouvé que le récit était extrêmement confus et invraisemblable, à tel point que j’ai cru un moment que Rosa rêvait tout cela tant c’était étrange et que ça sonnait faux. J’ai terminé le roman poussée par la curiosité de savoir comment tout cela finissait mais j’avoue que ça a été laborieux et que j’ai été soulagée d’arriver à la fin.

Dommage car le côté historique était très intéressant et j’étais vraiment curieuse de découvrir le destin exceptionnel de ces femmes. Malheureusement, l’autrice m’a perdu en route en basculant dans un mélo peu crédible et très ennuyeux.

3/5

Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux – Martha Hall Kelly

 

Quatrième de couverture

 
Septembre 1939 : les hordes nazies déferlent sur la Pologne. Commence alors, pour trois femmes que tout oppose, un terrible et rigoureux hiver…
Il y a Caroline, d’abord. L’ancienne actrice américaine vit dans l’opulence, mais la guerre en Europe va bouleverser tout son quotidien… Kasia ensuite, cette jeune Polonaise qui rentre en Résistance, au péril de sa vie et de celles des siens. Herta, enfin, que son ambition dévorante jettera parmi les monstres – au point de s’y conformer.
Toutes trois l’ignorent encore mais elles ont rendez-vous, au plus noir de l’hiver : au camp de Ravensbrück…
Un premier roman remarquable sur le pouvoir méconnu des femmes à changer l’Histoire à travers la quête de l’amour, de la liberté et des deuxièmes chances.

Mon avis

 
L’histoire de ces trois femmes pendant la seconde guerre mondiale ne peut pas laisser indifférent. La première, Caroline, est américaine. C’est une ancienne actrice passionnée par la France qui travaille bénévolement au consulat pour aider les orphelins. La seconde, Kasia, est une jeune polonais. Encore adolescente, elle se lance dans la résistance face à l’envahisseur allemand mais sera malheureusement arrêtée avec sa mère et sa sœur et déportée au camp de Ravensbrück où elle fera la connaissance de la troisième, Herta, une de très rares femmes médecins du camp.

Le récit alterne d’un chapitre à l’autre entre leurs trois histoires même si bien vite, l’histoire de Kasia et de Caroline prend le pas sur celle d’Herta. D’ailleurs, j’ai trouvé ça dommage qu’il n’y ait pas plus de chapitres consacrées à cette dernière. Elle passe très vite du jeune médecin horrifié par les traitements infligés aux prisonnières à son arrivée au camp à une femme impitoyable qui n’a aucune scrupule à jouer les bourreaux et ce sans qu’on est vraiment d’explication à ce revirement. Je comprends bien qu’il est difficile de se mettre dans la peau d’un médecin SS mais j’aurais tout de même préféré que son état d’esprit et ses motivations soit davantage fouillés.

Ceci dit, j’ai trouvé l’histoire des « Lapins », ces déportées polonaises sur lesquelles les nazis ont pratiqué des expériences médicales atroces, très intéressante bien que très éprouvante. Autant vous prévenir, mieux vaut avoir le cœur bien accroché car même s’il n’y a pas de descriptions scabreuses, assister au calvaire de ces jeunes filles qui ne comprennent rien à ce qui leur arrive est vraiment difficile à supporter. Le récit du quotidien de ces femmes dans le camp est glaçant. La seule lumière d’espoir vient de leur solidarité et de leur courage à toute épreuve devant les humiliations et tortures quotidiennes dont elles sont victimes.

En parallèle de l’histoire de Kasia, la vie quotidienne de Caroline à New-York et son histoire d’amour compliquée avec un français parait parfois un peu frivole et on a du mal à comprendre pourquoi la vie de ces deux femmes est liée. Pour le comprendre, il faut attendre la deuxième partie du roman, consacrée à l’après-guerre qui montre les difficultés des survivantes à reprendre leur vie après ce qu’elles ont vécu et le combat mené par Caroline pour les aider à se reconstruire.

Je n’en dirais pas plus pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte à celles et ceux qui souhaiteraient le lire. Pour ma part, bien que la lecture ait parfois été difficile du fait de la noirceur des faits relatés, des faits réels qui plus est, je suis contente d’avoir découvert cette histoire, qui malgré son côté sombre, est une belle histoire de courage, d’espoir et de résilience.

4,5/5

Les déracinés – Catherine Bardon

Quatrième de couverture

 
Almah et Wilhelm se rencontrent dans la Vienne brillante des années 1930. Après l’Anschluss, le climat de plus en plus hostile aux juifs les pousse à quitter leur ville natale avant qu’il ne soit trop tard. Perdus sur les routes de l’exil, ils tirent leur force de l’amour qu’ils se portent : puissant, invincible, ou presque. Ils n’ont d’autre choix que de partir en République dominicaine, où le dictateur promet 100 000 visas aux juifs d’Europe. Là, tout est à construire et les colons retroussent leurs manches. Pour bâtir, en plein cœur de la jungle hostile, plus qu’une colonie : une famille, un avenir. Quelque chose qui ressemble à la vie, peut-être au bonheur…

Mon avis

 
Un roman magnifique qui m’a entraîné de l’Autriche à la République Dominicaine en passant par la Suisse et New-York.
Dès le début, j’ai été happée par l’histoire d’Almah et Wilhem, deux jeunes gens insouciants qui profitent de leur jeunesse dans leur ville natale qu’ils adorent. Mais c’est sans compter la menace nazie qui plane sur l’Autriche.

Bien sûr, je connais l’histoire des persécutions contre les juifs mais les voir ici à travers les yeux de ce jeune couple, pas spécialement religieux, les rend bien plus réelles et plus effrayantes. Comme toujours, voir la situation se dégrader de jour en jour et le peu de réaction, voire même l’indifférence de tous à ces injustices criantes, est révoltant et bouleversant. Aux côtés d’Almah et Wilhelm, on sent la peur monter et le besoin de fuir à tout prix se faire de plus en plus pressant.

A leurs côtés, on assiste aux quelques solutions mises en place pour aider les juifs à fuir ce régime oppressif et les associations qui ont tenté de les sauver en les aidant à émigrer. On voit la vie dans les camps de réfugiés de Suisse où, officiellement, ils n’ont droit de rester que 7 jours mais où certains restent des mois voire des années en attente d’un endroit où s’installer. Almah et Wilhem souhaitent partir aux Etats-Unis mais seront refoulés à Ellis Island et n’auront pas d’autre choix que de s’installer en République Dominicaine alors sous le joug d’un autre dictateur.

J’ai beaucoup aimé la partie qui se déroule en République Dominicaine. Les nouveaux arrivants sont en grande majorité des intellectuels, rien ne les a préparé à cultiver la terre ou construire des bâtiments et pourtant, tous veulent saisir cette nouvelle chance qui s’offre à eux de se bâtir une nouvelle vie. La construction de leur communauté, le partage des biens, les couples qui se forment, les amitiés qui se nouent, tout ça m’a beaucoup intéressé. D’autant que c’est une histoire inspirée de faits réels.

J’ai tout aimé dans ce livre et notamment ces personnages très attachants et l’histoire d’amour entre Wilhem et Almah belle et forte qui survit aux épreuves pendant près de quarante ans. Le contexte historique est très bien décrit sans qu’on soit noyé sous une foule de détails. C’est toujours l’humain qui reste au cœur de l’histoire, ce qui rend les choses d’autant plus vivantes et passionnantes.
Malgré le grand nombre de pages, il n’y a aucun temps mort dans ce récit et malgré les années qui passent, on est toujours heureux d’accompagner les personnages dans les petits et grands changements de leur vie.

Bref, c’est un très beau livre qui témoigne d’un pan de l’histoire que l’on préférerait oublier tant il est inconcevable et atroce tout en restant plein d’amour et d’espoir. C’est un livre qui vous fera voyager, sourire et pleurer. Un livre où vous verrez à la fois le pire et le meilleur de l’humanité.

5/5

La mémoire est une chienne indocile – Elliot Perlman

Quatrième de couverture

 
New York, aujourd’hui. Ex-taulard en probation dans un hôpital, Lamont, jeune Noir du Bronx, se lie d’amitié avec un patient, rescapé des camps. Uptown, Adam Zignelik, professeur d’histoire en pleine crise existentielle, exhume un document inédit : les premiers témoignages sonores de survivants de l’Holocauste. Dans le creux de cette mémoire ravivée, leurs destins vont s’entremêler. D’un ghetto à l’autre, dans une myriade de voix et une narration virtuose, ce roman poignant interroge l’Histoire du XXe.

Mon avis

 
Difficile de rédiger un avis sur un tel livre. J’ai adoré cette histoire tellement bien construite et tellement bien racontée. Je suis épatée par le talent de l’auteur qui a su mêler de main de maître une histoire si riche avec des personnages si différents et dont pourtant le destin se mêle sur plusieurs générations.

C’est un roman très émouvant, parfois même à la limite du supportable. J’ai lu un certain nombre de livres qui traitent de l’holocauste mais aucun n’était aussi précis dans ces descriptions des horreurs perpétrées par les nazis dans les camps de la mort. Rien que pour cela, c’est un livre à lire. Car, malgré l’horreur, c’est important de savoir ce qui s’est passé et comment ça s’est passé. Et c’est ailleurs tout le message du livre : raconter coûte que coûte, survivre pour que tout le monde sache.

En parallèle de l’holocauste, l’auteur évoque également la ségrégation raciale et le combat des noirs pour les droits civiques aux États-Unis. Deux histoires et deux peuples différents mais dans les deux cas, la haine et la violence.

Les personnages de ce roman sont tous attachants et particulièrement Lamont, récemment sorti de prison où il s’est retrouvé entrainé par deux « amis ». C’est un personnage très touchant dans sa volonté de retrouver sa fille et dans la relation qu’il battit avec Henryk, un patient de l’hôpital où il effectue sa période de probation. Atteint d’un cancer, ce dernier décide de lui raconter ses années à Auschwitz, lorsqu’il était membre du Sonderkommando. Adam le professeur d’histoire en fin de carrière et récemment séparé de sa femme est également un personnage intéressant qui va reprendre goût à son métier en découvrant des transcriptions d’entretiens avec des rescapés des camps.

Bref, c’est un roman magnifique que je recommande à tout le monde car malgré sa noirceur, il n’est pas dénué d’espoir. Et surtout et avant tout, c’est un livre essentiel pour ne pas oublier.

5/5