La mémoire est une chienne indocile – Elliot Perlman

Quatrième de couverture

 
New York, aujourd’hui. Ex-taulard en probation dans un hôpital, Lamont, jeune Noir du Bronx, se lie d’amitié avec un patient, rescapé des camps. Uptown, Adam Zignelik, professeur d’histoire en pleine crise existentielle, exhume un document inédit : les premiers témoignages sonores de survivants de l’Holocauste. Dans le creux de cette mémoire ravivée, leurs destins vont s’entremêler. D’un ghetto à l’autre, dans une myriade de voix et une narration virtuose, ce roman poignant interroge l’Histoire du XXe.

Mon avis

 
Difficile de rédiger un avis sur un tel livre. J’ai adoré cette histoire tellement bien construite et tellement bien racontée. Je suis épatée par le talent de l’auteur qui a su mêler de main de maître une histoire si riche avec des personnages si différents et dont pourtant le destin se mêle sur plusieurs générations.

C’est un roman très émouvant, parfois même à la limite du supportable. J’ai lu un certain nombre de livres qui traitent de l’holocauste mais aucun n’était aussi précis dans ces descriptions des horreurs perpétrées par les nazis dans les camps de la mort. Rien que pour cela, c’est un livre à lire. Car, malgré l’horreur, c’est important de savoir ce qui s’est passé et comment ça s’est passé. Et c’est ailleurs tout le message du livre : raconter coûte que coûte, survivre pour que tout le monde sache.

En parallèle de l’holocauste, l’auteur évoque également la ségrégation raciale et le combat des noirs pour les droits civiques aux États-Unis. Deux histoires et deux peuples différents mais dans les deux cas, la haine et la violence.

Les personnages de ce roman sont tous attachants et particulièrement Lamont, récemment sorti de prison où il s’est retrouvé entrainé par deux « amis ». C’est un personnage très touchant dans sa volonté de retrouver sa fille et dans la relation qu’il battit avec Henryk, un patient de l’hôpital où il effectue sa période de probation. Atteint d’un cancer, ce dernier décide de lui raconter ses années à Auschwitz, lorsqu’il était membre du Sonderkommando. Adam le professeur d’histoire en fin de carrière et récemment séparé de sa femme est également un personnage intéressant qui va reprendre goût à son métier en découvrant des transcriptions d’entretiens avec des rescapés des camps.

Bref, c’est un roman magnifique que je recommande à tout le monde car malgré sa noirceur, il n’est pas dénué d’espoir. Et surtout et avant tout, c’est un livre essentiel pour ne pas oublier.

5/5

Les suprêmes – Edward Kelsey Moore

LesSupremes

Résumé

 
Dans une petite ville de l’Indiana, à la fin des années 70, trois jeunes filles : Barbara Jean, Odette et Clarice sont inséparables. D’ailleurs, tout le monde les surnomme les « Suprêmes » comme le célèbre groupe.
Devenues quinquagénaires, elles sont toujours aussi proches et se retrouvent tous les dimanches au restaurant « chez Earl » où elles dégustent des côtes de porc et se racontent leurs petits bonheurs et leurs grosses galères.

Mon avis

 
Les Suprêmes est un premier roman très réussi, une très belle histoire à la fois drôle et touchante : l’histoire d’une amitié de plus de trente ans.

Les trois Suprêmes sont chacune dans leur genre très attachantes. Mais je l’avoue, j’ai un petit faible pour le personnage d’Odette qui m’a fait beaucoup rire, autant qu’elle m’a fait pleurer, d’ailleurs. Odette, née dans un sycomore et donc qui n’a pas froid aux yeux, n’a pas sa langue dans sa poche et n’hésite pas à tenir tête à plus fort qu’elle. Personne ne se risque à lui marcher sur les pieds. Ses discussions avec les fantômes sont irrésistibles, j’ai adoré notamment le fantôme de sa mère et celui de Mme Roosevelt, c’est vraiment très drôle.

A côté de ce personnage haut en couleur, il y a la belle et douce Clarice, la femme soumise trompée par son mari depuis des années au vu et au su de toute la ville, sans qu’elle n’ose rien dire. Parce qu’elle l’aime, elle encaisse, jusqu’au jour où la coupe est pleine.

Quant à Barbara Jean, c’est l’oiseau blessé. D’une beauté exceptionnelle, sa vie sera marquée par les drames. Sans doute le personnage le plus émouvant de cette histoire, la petite fille fragile qu’on a envie de protéger et de réconforter.

De flash-back en flash-back, on découvre petit à petit comment ces trois femmes sont devenues inséparables. On revisite à leurs côtés toute une époque de l’histoire des Etats-Unis, un temps où noirs et blancs vivaient dans deux mondes séparés. On passe plus de trente ans à partager leurs joies et leurs peines. Pas étonnant que quand vient l’heure de tourner la dernière page, on se sente un peu triste et nostalgique de devoir les quitter.

 

4.5/5